Courrier International 02/01/2006
Tourisme spatial oblige, d'ici àune dizaine d'années, le voyage sur la Lune sera accessible au commun des mortels – àcondition de pouvoir se le payer. Les rares clients ayant déjàréalisé un séjour en orbite ont dû débourser des millions de dollars pour leur petite escapade. Mais "le voyage sur la Lune est bien plus chic. La Russie et les Etats-Unis envisagent déjàde proposer àla clientèle des itinéraires séduisants du genre 'Vol sans escale vers la Lune' ou 'Voyage avec escale lunaire'", rapporte le Moskovski Komsomolets. Par ailleurs, deux compagnies privées américaines sont désormais en lice sur ce créneau du futur et veulent concurrencer les deux programmes publics gouvernementaux russes et américains.
"Où vaut-il mieux prendre son billet pour la Lune ?" se demande alors le quotidien de Moscou, qui fait une étude comparative des différentes offres, sans bien sûr en avoir vérifié les prestations. Côté russe, le voyage se divise en deux phases, avec d'abord un trajet dans une version modernisée du vaisseau Soyouz jusqu'àla Station spatiale internationale (ISS). Puis, de là, il faudra prendre une correspondance pour la Lune avec un autre engin plus puissant, qui assurera également le retour sur la Terre. "La durée totale du vol depuis la base de lancement de Baïkonour est d'environ de huit àdix jours, dont cinq et demi pour l'aller-retour vers la Lune. Ce plaisir coûtera àchaque touriste une centaine de millions de dollars", précise le journal. Un seul cosmonaute accompagnateur serait nécessaire. On peut néanmoins craindre le pire pour les touristes dans le cas où il arriverait quelque chose àl'unique professionnel àbord, prévient le quotidien russe.
Côté américain, le projet est beaucoup plus ambitieux mais aussi plus coûteux. L'administration Bush envisage de créer une station orbitale et une base lunaire, prélude àun voyage habité sur Mars. Quatre astronautes en route pour la Lune devront, comme dans la version russe, faire une escale en orbite pour emprunter ensuite un module lunaire. Reste que le coût total de réalisation du projet s'élève à104 milliards de dollars, contre une quinzaine de milliards pour le projet russe. Par ailleurs, ce dernier est envisageable dès 2014, au lieu de 2018 pour sa variante américaine.
Quant aux offres des deux compagnies privées américaines, elles prévoient des circuits tout aussi alléchants. Space Dev proposera d'ici àcinq ou huit ans soit un simple survol touristique de la Lune, soit un alunissage sur une base habitée. L'engin spatial utilisé, le Dream Shaser, serait une copie d'un prototype de la NASA qui a été abandonné, le NL-20. En revanche, l'étape d'arrivée sur la Lune se ferait àbord de "fauteuils spatiaux" beaucoup moins onéreux.
En réalité, la concurrence privée mise surtout sur des tarifs plus raisonnables et une exploitation commerciale rentable. Ainsi, Artemis Society International milite en faveur de la construction d'une base lunaire conçue comme une sorte d'"hôtel" pour touristes de l'espace. Certes, les conditions de vie y seront un peu spartiates, mais les locataires auront le privilège de rapporter des pierres lunaires ou d'envoyer leur balle de golf àune distance extraterrestre… Des privilèges qui coûteront la bagatelle de 25 millions de dollars.
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