De grands musées belges lancent un cri d'alarme : si le gouvernement ne leur octroie pas d'urgence des moyens financiers, ils seront contraints de prendre des mesures pouvant aller jusqu'àdes fermetures. "Il ne s'agit pas de nous placer au-dessus de la ligne de flottaison, mais simplement de nous y ramener", résume Michel Draguet, directeur des Musées royaux des Beaux-Arts, àBruxelles, où, faute d'agents de gardiennage en nombre suffisant, certaines ailes sont interdites au public sur le coup de midi. Une étude réalisée par un bureau privé et publiée il y a quelques semaines évoquait la fermeture éventuelle du Musée d'art moderne. Au Musée de l'Afrique centrale, qui possède la plus grande collection ethnographique du monde, Guido Gryseels, le directeur, affirme que 1 million d'euros lui suffirait pour embaucher des agents, assurer la sécurité du public et la protection des collections. Les Musées royaux d'art et d'histoire, le plus grand ensemble musée belge, qui regroupent 650 000 pièces, manquent de gardiens, de moyens informatiques, voire d'un simple inventaire.
Dans une démarche inédite, dix responsables des "établissements scientifiques fédéraux" - dénomination qui englobe les musées - ont tu leurs divergences pour rédiger, fin août, un appel au conseil des ministres, réclamant d'urgence 10 millions d'euros supplémentaires. Pour, simplement, mener àbien des projets indispensables en termes de sécurité des visiteurs, de protection contre le vol et de préservation minimale d'un patrimoine estimé, il y a quelques années, à6 milliards d'euros.
Au total, il faudrait au moins 30 millions d'euros annuellement – 30 % de plus que les subventions actuelles – pour ramener la situation des musées àla normale, beaucoup plus pour lancer de nouveaux projets et permettre àla capitale belge et européenne de tenir le rôle qu'elle revendique sur la scène internationale.
Après de longues années de tergiversations ou de désintérêt, les pouvoirs publics ont approuvé, en 2002, un plan ambitieux visant, notamment, àdoubler, àterme, la dotation des musées. De nouveaux responsables, souvent très dynamiques, ont été nommés. Ils ont multiplié les initiatives, les projets et les partenariats mais se heurtent, ànouveau, aux dures réalités budgétaires et politiques d'un pays où la culture a été régionalisée, laissant les grands musées fédéraux dans une situation complexe. |