Sharjah : exemple arabo-islamique de développement touristique
02/11/2004

Sharjah- D. Alaa Al Hamrana

Le voyage entre Dubaï et Sharjah dure moins de 30 minutes; mais il s’agit vraiment d’un voyage vers un autre monde. Au cours des 15 dernières années, Dubaï a été transformée en une ville internationale, en une cité post-moderne. Cette caractéristique se reflète dans l’image qu’elle à travers le monde, dans son architecture, son mode de vie et ses habitants. Le tourisme international a joué un grand rôle dans la formation et le plan de Dubaï. Le nom de cette ville est devenu synonyme de la mode, du top technologique et moderniste, de la grande richesse et du progrès le plus étendu et le plus élevé. Les hôtels, tels Burj Al Arabe, Hydropolis, Les Deux îles artificielles, Le Palmier et le Monde, le parc de loisirs Dubaï Land et Burj Dubaï, sont des édifices qui n’appartiennent pas à Dubaï seule, mais également au patrimoine architectural mondial. Pour les villes avoisinantes, il leur est difficile de se développer, de préserver leur image de marque et leur identité et de se vendre sur le marché du tourisme international.

L’Emirat de Sharjah a réussi à se promouvoir en tant que destination la plus musulmane te la plus arabe des Emirats Arabes Unis (EAU). Ce succès se base sur une stratégie touristique à long terme visant l’augmentation du nombre de touristes et des recettes d’une part, et sur la préservation de son cachet arabo-islamique de l’autre.

Sharjah bénéficie de sa situation géographique spécifique sur les côtes du Golfe arabe vers l’est et du Golfe d’Oman vers l’ouest. C’est le seul Emirat des EAU à avoir cette caractéristique. La capitale de cet Emirat, la ville de Sharjah, est située sur la côte est. Elle le centre des activités sociales, politiques, culturelles et économiques de l’Emirat. Elle accueille 21 des 23 hôtels de l’Emirat. Les deux autres hôtels sont sur la côte ouest : hôtel Ouchnik à Khour Fakane et Biriz à Kalba.

Quant à l’hôtel Ouchina, il est l’un des plus anciens hôtels des EAU : il a été construit en 1974 dans le cadre de la première opération de développement touristique du pays. Huit ans après, a été  inauguré le premier hôtel cinq étoile, Hollyday Inn Sharjah, géré actuellement par la société Radson. Cet hôtel, propriété d’un Koweitien, est le seul réservé à la haute société à Sharjah, regroupant les services de la station balnéaire et ceux des résidences des hommes d’affaires. Les deux autres hôtels de luxe sont : Rotana et Millénium qui  vient d’ouvrir ses portes. Ils sont réservés aux hommes d’affaires. Les hôtels et stations au bord de la côte, de type trois étoiles, ont été construits vers la fin des années 70-80. La rénovation et le reclassement des hôtels de la côte sont l’objet de la politique constante de la Direction du tourisme créée en 1996.

L’extension des créations hôtelières dans la ville traduit l’intérêt de la Direction du tourisme qui vise à consolider l’Emirat en tant que centre culturel et centre de congrès, sans affecter les potentialités ludiques et sportives des côtes. La restauration et les plans de rénovation de la ville ancienne visent aussi cet objectif. Le plan de restauration globale de la ville ancienne est unique dans l’ensemble de la région du golfe par sa dimension, sa forme et ses buts. L’architecture traditionnelle des places et des tours, utilisant les pierres de corail, donnent à la ville son cachet arabo-islamique spécifique. Suite à cette opération de restauration, s’est constituée une zone du patrimoine et des arts, comprenant des musées, des édifices multifonctionnels, des théâtres, des marchés de l’artisanat, une forteresse, des mosquées… Cette partie de la ville est devenue une attraction touristique de premier ordre et un lieu privilégié pour de nombreuses activités culturelles. Ainsi, le musée de Sharjah a accueilli une collection distinguée de tableaux à contenu oriental et une autre de type moderne. De même, le Festival de théâtre qui s’y tient annuellement, jouit d’un grand succès. Les efforts de restauration sont également perceptibles sur la côte est, particulièrement dans la ville de Kalba, où une ancienne forteresse, et un palais ont été restaurés avec soins.

En dehors de cette zone du patrimoine, l’architecture arabo-islamique prévaut dans les nouvelles constructions de Sharjah. Le marché central, le marché Al Jamira, la cité universitaire et de nombreuses mosquées, constituent le début d’ Ã‚« une nouvelle éthique Ã‚» architecturale qui fait un assemblage de méthodes et de matériaux divers de l’architecture orientale. La prédominance de la nouvelle architecture éthique en milieu urbain a reconstitué l’image de la ville et son cachet de manière diamétralement opposée à l’espace urbain futuriste de Dubaï. Les anciennes constructions restaurées à Dubaï, dans les quartiers Bistakya et Shandagha, donnent l’impression d’une entrée dans l’espace futuriste visant d’une part à positionner la ville post-moderne dans un lieu arabe, et de l’autre à réduire la part des infrastructures à composantes orientales traditionnelles.

La préservation du mode de vie conservateur et des valeurs islamiques dans l’espace public à Sharjah constitue un autre appui à la stratégie de développement touristique : interdiction des boissons alcooliques, des bars, des boites de nuits et des plages publiques. La symbiose entre la préservation du patrimoine, l’organisation de manifestations culturelles, l’édification de la nouvelle architecture éthique et le mode de vie conservateur, sont le cachet spécifique de Sharjah et son modèle de réussite. L’Emirat a son image propre et son identité qui offre au touriste international un espace arabo-islamique. Les touristes à la recherche de repos ont l’opportunité de goûter à des vacances arabe et à de vacances universelles dans la péninsule arabique.

En comparaison avec Sharjah, le tourisme culturel dispose d’un important espace aux EAU. Toutefois, pour suivre l’évolution générale du développement touristique du pays, Sharjah a développé d’autres genres de tourismes : tourisme des rencontres, des congrès et des expositions. Les organisateurs de la compétition des bateaux F1 ont positionné  Sharjah  sur la carte internationale des sports. Le lancement en octobre 2003 de la compagnie des « Arab airways Ã‚» a accru la concurrence avec la compagnie « Emirates Ã‚», où l’aéroport de Sharjah joue un rôle principal.

La situation géographique de la ville de Sharjah  offre la possibilité du développement d’un séjour  touristique de un jour et de manifestations touristiques destinées à des millions de visiteur internationaux de Dubaï. Il lui confère également le moyen d’offrir à ses visiteurs l’opportunité du repos et du shopping à Dubaï à travers des programmes spécifiques. Sur la côte occidentale, Khour Fakan dispose d’atout pour   devenir une destination touristique d’une station futuriste post-moderniste à Al Akka. L’Emirat Al Fujairah envisage la construction d’une station touristique sportive et ludique de premier rang à Al Akka, à quinze km environ au nord de Khour Fakan. La station et l’hôtel Méridien, cinq étoiles, à Al Akka ont ouvert leur porte. La petite ville de Kalba, proche des frontières avec Oman a des potentialités pour devenir une destination touristique culturelle à travers des séjours courts et en tant que station de plongée sous marine bon marché.

La stratégie touristique de Sharjah constitue un exemple réussi au niveau de la préservation de l’identité, de la constitution d’une image de marque spécifique et de l’édification de bases solides à l’activité économique. Les touristes, qui dépassent quatre cents mille et qui ont passé plus de mille nuitées à Sharjah en 2003, confirment ce « success story Ã‚» de l’Emirat Sharjah arabo-islamique, voisin de Dubaï l’Universelle et post-moderne.  #