Les Musulmans à Londres : tentative d’autosuffisance sans isolement
02/11/2004

Londres – Manal Mounir

L’Islam était sorti de la péninsule arabique vers le monde par la voie des conquêtes, des prêches et parfois du commerce. Mais, malgré cela, il est resté étranger pour la Grande-Bretagne, jusqu’à l’arrivée du premier groupe de marins musulmans. Ceux-ci s’installèrent dans le pays et formèrent par la suite une communauté qui a attiré progressivement d’autres émigrés. Maintenant, ils sont la deuxième communauté d’émigrés dans le pays.

Bref rappel historique

Le premier fait où l’Islam a été cité dans l’histoire britannique remonte au 12^ème siècle, lorsque le Pape Innocent III avait destitué le roi britannique John, qui avait soutenu le prince andalous Mohamed Annasser dans sa lutte contre le roi de Saragosse qui était catholique.

Trois siècles après,  l’histoire cite John Nelson, en tant que premier britannique à se convertir à l’Islam en 1583. Cela a été suivi, quelques années plus tard, par une vague de conversions à l’Islam. Ainsi, on trouve un document daté de 1643 qui parle de l’existence d’ Ã‚« une communauté  mohammadienne» à Londres. Actuellement, l’Islam est la seconde religion en Grande-Bretagne. En effet, selon les statistiques, il y a 1,6 millions de Musulmans en Grande-Bretagne aujourd’hui. Le chiffre réel serait peut être de 2 millions, ou 3% de la population totale. La moitié de cette communauté réside à Londres, la capitale de la Grande-Bretagne.

Aspect religieux

Les premiers Musulmans ont veillé à préserver leur religion vivante. Cela s’était traduit par leur enthousiasme à construire des mosquées, et des lieux de réunions pour faire des prêches, des prédications, des conférences, et pour enseigner à leurs enfants le saint Coran. La première mosquée a été construite en 1860, au 2, Bd Glyn Rhodda, Cardiff.

Actuellement, il y a environ 1 500 mosquées à travers tout le Royaume Uni et des centaines de centres islamiques qui dispensent de multiples services à la communauté musulmane, tels les contrats de mariage, le code personnel, conseils aux familles et démarches pour les sépultures. Le meilleur exemple de ces centres est le Centre culturel central, connu sous le nom « Mosquée Regent Parc Ã‚» à Londres. On trouve aussi des institutions de bienfaisance qui font des prêches et aident les membres de la communauté.

La plupart de ces mosquées organisent des cours pour les enfants âgés de 6 à 16 ans au cours des week-ends. La langue arabe, le Coran et les études islamiques y sont dispensés gratuitement, même pour les non musulmans. Les Musulmans ont toute la liberté de faire leur culte, leurs prières et leurs fêtes. Cela est totalement manifeste au mois sacré de ramadan. La plupart des mosquées de Londres offrent le « ftour Ã‚» (repas de rupture du jeûne) aux jeûneurs qui y affluent au coucher du soleil.

Les écoles

Les Musulmans émigrés sont venus des quatre coins du monde. Il y a ceux venus de l’Afrique du nord, d’autres de la péninsule indienne et du Moyen-Orient. Chaque groupe a ramené avec lui ses traditions et sa culture, même s’ils ont en commun la même religion et un système de valeurs à même d’en faire une communauté unie dans ses objectifs et ses conceptions.

L’un de leurs principaux objectifs est d’éduquer leurs enfants suivant les véritables prescriptions islamiques et de leur apprendre toutes les règles de l’Islam. C’est ce qui a amené la communauté musulmane à se concentrer sur les questions de l’éducation et à construire des écoles privées. Ces écoles sont gérées par des personnes d’ethnies et de couches sociales diverses. Mais intégrés dans l’identité islamique unique. Le financement de ces écoles provient de nombreuses organisations, telles « El waqf éducatif islamique Ã‚» qui collecte les dons pour soutenir ces écoles.

Les premières écoles ont été celles qui enseignaient le Coran et l’arabe dans les week-ends. Les parents louaient des chambres pour se faire. Par la suite, les autorités officielles ont mis à leur disposition des locaux plus appropriés. En tout état de cause, avec le temps, la communauté a senti le besoin d’instaurer un climat islamique où les enfants peuvent être éduqués.  C’est ce qui a été à l’origine de la construction des écoles primaires, puis secondaires (où le gouvernement supporte 85% des dépenses suivant la loi de 1944).

Actuellement, de nombreuses écoles islamiques ont été instituées : « Islamiya Ã‚», « Al Zahra Ã‚», « Al Sadiq Ã‚», « Avenue Ã‚», « Académie du roi Fahd Ã‚»â€¦Même si ses écoles suivent le programme gouvernemental, du fait qu’elles sont privées, elles veillent à créer un climat islamique bénéfique aux élèves. Elles observent un régime rigoureux qui peut aboutir à l’exclusion de l’élève qui ne le respecte pas. Les règles de ces écoles s’inspirent du saint Coran. Mais, cela ne veut pas dire que les Musulmans veulent s’isoler ; puisque depuis leur arrivée dans ce pays, ils vivent en paix avec la société hôte. Ils veillent seulement à s’assurer que les valeurs islamiques seront transmises à leurs enfants et que ceux-ci ne vont pas perdre leur identité musulmane.

Outre les écoles, les Musulmans ont créé leurs marchés, leurs abattoirs, leurs restaurants sans boissons alcooliques, ainsi que des magasins d’habits qui offrent aux femmes musulmanes les vêtements islamiques. Si ces commerces se répartissent dans tous les quartiers de Londres, on les trouve plus concentrés là où il y a beaucoup de Musulmans, tel Edgware Road .

Tous les aspects de la vie islamique sont disponibles à Londres : écoles, mosquées, commerces et même les cimetières. Les Musulmans vivent en paix côte à côte avec les adeptes des autres religions dans cette ville de diverses croyances.