Le mariage annoncé entre Lufthansa et Swiss donne un coup d'accélérateur àla consolidation du ciel européen, où les compagnies traditionnelles unissent leurs forces pour résister notamment àla concurrence féroce des transporteurs "low cost."
La compagnie aérienne allemande, numéro deux européen, a confirmé dimanche soir (20 mars) vouloir prendre le contrôle de sa concurrente helvétique. La transaction est encore soumise àl'approbation du conseil de surveillance de Lufthansa ainsi que du conseil d'administration et des actionnaires de référence de Swiss.
Le mariage ne devrait pas coûter très cher àla compagnie allemande, qui va verser entre 40 et 50 millions d'euros aux actionnaires minoritaires de Swiss, selon une source proche du dossier.
Les autres, notamment la Confédération helvétique et des collectivités locales, vont selon la presse suisse se contenter d'un prix symbolique.
L'opération "est stratégiquement pertinente pour Lufthansa", qui récupère àpeu de frais la clientèle enviée d'hommes d'affaires de Swiss, juge Uwe Weinreich, analyste de la banque HypoVereinsbank. Et pour la compagnie suisse déficitaire, "Lufthansa est une assurance-vie", juge-t-il.
Pour le reste, l'union est "très similaire" àcelle contractée au printemps 2004 par Air France et la néerlandaise KLM, note de son côté Nick van den Brul, analyste d'Exane-BNP Paribas.
"Lufthansa s'engage àgarder la marque Swiss et son hub (plaque tournante) de Zurich," tout comme la compagnie française l'avait fait avec KLM et Amsterdam, rappelle-t-il.
"Plus personne ne supprime les marques aujourd'hui", car elles permettent de "garder et fidéliser les clients face àla pression des compagnies àbas prix", explique Pierre-Yves Savidan, expert en questions aériennes de la société de conseil française BIPE.
Même objectif derrière le maintien du hub de Zurich : barrer la route aux "low cost", tentées par le passé de s'y implanter et qui dominent déjàl'aéroport de Bâle-Mulhouse, indique Lutz Schmidt, du magazine spécialisé allemand FVW International.
Les compagnies "traditionnelles" ont d'autant plus intérêt àunir leurs forces que les transporteurs àbas prix affichent en Europe de grandes ambitions, àl'image de l'irlandaise Ryanair qui vient de commander 140 Boeing 737, dont 70 fermes, pour 4 milliards de dollars.
A cette pression sur le marché intra-européen s'ajoute une flambée de la conccurence sur le trafic intercontinental, symbolisée notamment par l'ascension fulgurante de la compagnie de Dubaï, Emirates Airlines, indique Pierre-Yves Savidan.
"Du coup, il y a une énorme pression sur les prix qui modifie les coûts des compagnies traditionnelles et met en danger les plus faibles", rendant inévitable une poursuite de la consolidation, juge-t-il.
Alors après Air-France et KLM, puis Lufthansa et Swiss, àqui le tour?
"Un rachat de l'espagnole Iberia par British Airways, car ils sont déjàpartenaires", ou bien une fusion de Lufthansa avec l'autrichienne Austrian Airlines ou la scandinave SAS qui font déjàpartie de son groupement Star Alliance, imagine Nick van den Brul.
Pierre-Yves Savidan cite quant àlui d'autres cibles potentielles, plus modestes: SN Brussels, la grecque Olympic Airlines, ou encore British Midland.
"Mais il y a de fortes chances que les (grandes compagnies) attendent tout simplement qu'elles meurent de leur belle mort pour enlever des surcapacités et récupérer les créneaux horaires", prévient-il. |