Le long de la grande avenue qui mène àTouba et devant la grande mosquée, des affiches colorées en arabe et wolof du ministère de l'Hygiène publique, souhaitent un bon Magal aux pèlerins tout en leur prodiguant des conseils sur la bonne attitude àobserver pour éviter d'attraper le choléra. Le "Magal de Touba", célébré le 29 mars cette année, commémore le départ en exil au Gabon en 1895 de Cheikh Amadou Bamba, fondateur du mouridisme, la plus importante confrérie religieuse du Sénégal.
Devant la bibliothèque Khadim Rassoul, "beaucoup de mesures particulières ont été prises", explique le responsable de l'édifice, Moustapha Diattara. "On a tout lavé ! A l'entrée il faut se laver les mains avec du savon et il est interdit de vendre de l'eau et d'autres denrées". Pourtant, aux abords de la bibliothèque et autour de la grande mosquée, les cantines (mini-restaurants) et vendeurs en tout genre fleurissent.
Quelques femmes distribuent même gratuitement des bassines d'eau d'origine inconnue. Boubou blanc immaculé et chapelet àla main, Ibrahima Niasse a tenu àse déplacer pour son pèlerinage annuel àTouba, même s'il "a entendu la rumeur àParis", où il vit. "Les musulmans sont propres! Ici c'est une ville sainte, une ville qui est protégée, il y a un bouclier, on n'a rien àcraindre. Les gens veulent créer une psychose pour décourager les autres de venir", lance-t-il. "La maladie est là, les malades sont là! Je ne pense pas que ça puisse faire l'objet de discussion", réplique le Docteur Momodou Moustapha Sourang, médecin-chef responsable du district de Touba.
A la porte de son centre de santé, un homme pulvérise sur les visiteurs du chlore, un moyen de "rompre la chaîne du vibrion cholérique", précise-t-on. Dans ce centre, "nous avons enregistré ces derniers jours jusqu'à30 cas quotidiennement, contre 3 ou 4 il y a une quinzaine de jours", explique le docteur Sourang, en se lavant les mains au désinfectant.
A la veille du Magal le docteur se veut toutefois rassurant: "J'étais inquiet jusqu'àce que le marabout parle".
Le marabout, c'est le khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké, qui est intervenu publiquement cette semaine pour recommander àses disciples de son conformer aux recommandations des services médicaux, montrant même l'exemple en disposant des bassines et du savon àl'entrée de chez lui. "Nous avons bon espoir", explique le docteur, "le khalife général est une voix très écoutée". |