El-Alamein- Mounir El Fishawi
Les Egyptiens ont loué durant les années 60 du siècle dernier avec fierté la construction du Grand barrage (Assad al ali) àAssouan, mais, semble-t-il, les grands barrages en Egypte sont devenus nombreux. Le dernier en date a consisté àtransformer la région d’El-Alamein, située au nord sur la côte méditerranéenne, d’un cimetière et enfer pour les combattants en un paradis de plaisance et de quiétude pour les touristes. Ainsi, cette région a connu deux batailles : la première avait pour but la mort et la destruction en 1942 lors de la seconde guerre mondiale, et la seconde vise le développement et la construction en 2005, en vue de transformer la région en un site touristique pour les amateurs de la beauté naturelle, des splendides plages sablonneuses et de l’histoire.
La bataille d’El-Alamein
Même si le fait de parler de la deuxième guerre mondiale évoque de la nostalgie, on ne peut s’empêcher de dire quelques mots sur la célèbre bataille d’El-Alamein, qui a eu lieu entre les forces alliées dirigées par le maréchal britannique Montgomery et celles de l’Axe, conduites par le maréchal allemand Rommel, surnommé le Renard du désert. Ce dernier était installé àTobrouk en Libye et était parvenu àla ville El Alamein sur la côte nord égyptienne, après avoir passé par Marssa Matrouh où il avait fondé son Quartier général pour un certain temps. Ce lieu s’appelle actuellement « Grotte de Rommel » et est devenu un musée et un lieu de visite pour les touristes. Rommel a dû quitter El-Alamein pour soigner son foie en Allemagne. Montgomery, fort de sa supériorité en nombre et en équipement, saisit cette occasion et attaqua les forces de son rival et gagna la bataille.
Après la fin de la guerre, les pays qui ont participé àla bataille d’El-Alamein ont essayé de rassembler les sépultures de leurs victimes et ont construit àleur mémoire trois cimetières : un pour le Commonwealth britannique, un deuxième pour les Italiens et un troisième pour les Allemands.
Musée militaire d’El-Alamein
Le musée militaire d’El-Alamein a été fondé en 1965, puis il a été restauré et ré-ouvert en 1992, àl’occasion du cinquantenaire de la bataille d’El-Alamein. L’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Italie ont fourni au musée de nouvelles informations et articles d’exposition. On y a également créé une salle moderne montrant le rôle de l’Egypte dans cette bataille.
Lorsque j’ai visité ce musée, j’ai remarqué sa façade splendide et les tanks, les véhicules blindés et les avions qui ont participé àcette bataille exposés en plein air.
Si nous essayons d’oublier les malheurs et les destructions de la guerre, la mer et le désert insistent parfois pour nous les faire remémorer. Ainsi, en 1992, la mer a rejeté les restes d’un avion de guerre ; et en 1999, on a trouvé dans le désert les restes d’une voiture militaire de type Ford. Ces deux véhicules ont été retapés et sont maintenant exposés dans le musée.
Ce dernier est composé de cinq salles. La première, nommée « salle commune », comprend des boîtes en verre où sont présentés des articles de tous les pays qui ont participé àla bataille d’El-Alamein ; ainsi que des statues grandeur nature des principaux acteurs de cette bataille, dont celle de Rommel. On raconte que lors de sa visite àEl-Alamein et àce musée en 1967, le dirigeant britannique Montgomery était resté àcontempler cette statue durant plus d’une dizaine de minutes. Au milieu de la salle on trouve une gigantesque table en bois (10mx3m) sur laquelle il y a une carte représentant le champ de bataille et les positions des armées. Les autres salles sont consacrées àchacun des pays participants àcette bataille : Italie, Egypte, Allemagne et Grande-Bretagne.
Problème des mines
Les champs de mines àEl-Alamein et au désert avoisinant sont parmi les plus dangereuses séquelles de la deuxième guerre mondiale en Egypte, et peut être dans le monde. Il est regrettable de constater que 20% environ des mines du monde se trouvent en Egypte. Leur nombre est 23 millions, dont 5,5 millions sont au Sinaï et le reste (17,5 M) éparpillées sur une superficie de 16 000 km² du désert occidental égyptien, s’étalant d’El-Alamein au désert libyen. Mais, elles sont maîtrisables grâce aux panneaux et aux services de sécurité. Auparavant, ces mines ont tué environ 700 paysans du désert et d’El-Alamein et blessé plus de 7000 personnes.
El-Alamein sur la carte touristique mondiale
J’avais adressé, lors d’une conférence de presse en 2003, une question au ministre du tourisme égyptien de l’époque, le Dr. Mamdouh al Baltaji, lui demandant quand Alexandrie et toute la côte nord-ouest seraient intégrées dans la carte touristique mondiale. En réponse, le ministre avait indiqué que les travaux d’aménagement étaient en cours en vue d’équiper la région pour être au service du tourisme mondial. Puis, il a donné en exemple la construction d’un hôtel international àEl-Alamein et le développement de l’aéroport de cette ville afin de recevoir les vols internationaux et charter. Sur ce, je l’avais interrompu de manière virulente, en lui disant : « comment parlez-vous ainsi d’El-Alamein qui, tout le monde le sait, comprend le plus vaste champ de mines du monde ? »
Le ministre me répondit avec calme : «Ne vous en faites pas, mon ami, on ne construira point d’hôtel ou d’aéroport en plein champ de mines. L’avenir vous prouvera ce que je vous ai dit ».
On avait « avalé », malgré nous, la réponse du ministre. Mais, actuellement, on peut le dire haut et fort : « le ministre a tenu ses promesses ! »
Movenpick Ghazala et l’aéroport d’El-Alamein sont témoins
Deux ans après, le bureau de « Tourisme Islamique » au Caire reçoit une invitation pour visiter Marssa Matrouh et El-Alamein et couvrir l’événement de l’arrivée du premier vol charter de Londres (avec 148 touristes) au nouvel aéroport d’El-Alamein et l’inauguration de Movenpick- Ghazala qui donne directement sur la belle plage méditerranéenne ; tous deux réalisés par un capital égyptien sous la direction de l’homme d’affaires Ibrahim Kamel.
Cet événement a été suivi par une grande audience comportant les journalistes de la presse, de la radio et de la télévision arabes et étrangers, Ahmed El Maghribi, ministre du tourisme, Ahmed Chafik, ministre de l’aéronautique civile, le Dr. Mohamed Ibrahim Souleiman, ministre de l’aménagement, Mohamed A-Chahate, gouverneur de Matrouh, et Ibrahim Kamel.
Le personnel de l’aéroport d’El-Alamein a accueilli les visiteurs britanniques avec des fleurs, des cadeaux locaux symboliques et des brochures touristiques. Les touristes ont loué la célérité des procédures administratives et douanières de l’aéroport, ainsi que la chaleur de l’accueil qui leur a été réservé.
Après leur arrivée àl’hôtel Movenpick-Ghazala, les touristes britanniques ont exprimé leur admiration du panorama des piscines, couvertes ou non, agencées sur le même modèle de la grotte Jeita libanaise, ainsi que la splendide vue sur la mer bleu azure et sa plage au sable fin blanc.
Par ailleurs, une conférence de presse a été organisée, au cours de laquelle les responsables ont exposé les grands efforts déployés pour reconstruire l’aéroport d’El-Alamein et pour édifier le splendide hôtel Movenpick. Le gouverneur de Matrouh, A-Chahate, a évoqué les perspectives du tourisme dans la région, tant le volet balnéaire que le volet écologique dans l’oasis Siwa et àEl-Alamein qui font leurs premiers pas dans le tourisme international. Il a également exposé les plans de développement des services dans la zone côtière nord, en indiquant que la capacité hôtelière de la région devrait passer de 2700 chambres à30 000 dans dix ans.
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