nour-eddine saoudi
PARIS (AFP)- TV5 - 26/07/2005 - Les professionnels français du tourisme tablaient lundi sur un impact limité des attentats de Charm El-Cheikh sur les départs àl'étranger, prévoyant des reports de séjours ou des changements de destination plutôt que des annulations pures et simples.
"L'impact est très localisé sur Charm El-Cheikh. Dans le reste de l'Egypte, les gens partent", a indiqué àl'AFP le président de l'association des tours opérateurs français Ceto René-Marc Chikli, deux jours après trois attentats dans la station balnéaire égyptienne, dont les bilans contradictoires sont de 88 ou 64 morts.
"Pour l'instant, on estime que le taux d'annulation est faible. Pour les départs de samedi prochain àdestination de Charm El-Cheikh, nous comptons environ un tiers d'annulations aujourd'hui sur quelque 300 départs chaque samedi", a-t-il déclaré au terme d'une réunion du Ceto.
Quelque 300.000 touristes français se rendent chaque année en Egypte en utilisant les services de voyagistes pour acheter des forfaits touristiques ou des billets d'avion en "vols secs", sans compter les touristes individuels. Le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy a recommandé à"ceux qui souhaiteraient partir en Egypte la plus grande prudence".
Si la station balnéaire des bords de la Mer Rouge, destination bon marché prisée notamment pour ses fonds poissonneux, risque de subir une certaine désaffection, elle devrait retrouver assez rapidement sa forte fréquentation, comme d'autres sites précédemment touchés par des attentats.
"D'absolu, le choc causé par un attentat est devenu relatif et l'impact de court terme avec la multiplication de ce type d'événement", a-t-on noté au ministère du Tourisme.
Et de souligner qu'"après le récent attentat du Caire, où deux Français ont été tués, la demande de voyages en Egypte n'a pas diminué. Dans ce cas, Charm El-Cheikh sera sans doute affecté pendant un certain temps. Après la fréquentation repartira, comme le montrent les précédents de Casablanca, de Tunis ou de Bali".
Pour sa part, le secrétaire général de l'Organisation mondiale du Tourisme (OMT) Francesco Frangialli, estime que "l'impact sera fort pour la région concernée, le Sinaï, moyen pour le reste du tourisme égyptien et peu perceptible sur le tourisme mondial compte tenu d'un phénomène de vases communicants illustré par des reports sur d'autres destinations".
Les Français décidés àpartir en vacances àl'étranger ne vont pas massivement renoncer àleur projet pour se replier sur le territoire national, jugent les professionnels du secteur.
"Soit ils garderont leurs dates de vacances et choisiront une destination alternative comme le Maroc, la Tunisie ou les Antilles, soit ils attendront et partiront un peu plus tard", selon le ministère. "Pour qu'il y ait un abandon notable de voyages vers des destinations lointaines, il faut un risque sur le transport aérien. En cas d'attentat ou de catastrophe naturelle, l'appréciation se fait désormais sur la destination", a-t-on ajouté.
Ce relatif fatalisme dépend cependant du type de voyageurs, a nuancé la directrice de l'observatoire des comportements touristiques Touriscopie, Josette Sicsic.
Les voyageurs intensifs, qui partent plusieurs fois par an, ont intégré les risques et repartent vers les destinations affectées comme Bali après les attentats ou la Thaïlande après le tsunami "après une courte psychose d'une àdeux semaines pendant lesquelles ils se détournent du pays touché", a-t-elle expliqué.
"Les autres, les voyageurs modérés, vont manifester une appréhension plus profonde, susceptible de les faire renoncer àpartir àl'étranger pour des raisons de sécurité", a-t-elle ajouté. |