Trois projets pour un nouveau tourisme dans la Médina de Tunis
30/09/2005

La Presse (Tunis)-20 Septembre 2005 -  Promouvoir le tourisme culturel et développer un tourisme durable à l'intérieur de la Médina de Tunis étaient les objectifs du campus euro-méditerranéen, organisé dernièrement par la Fédération de Tunis de Solidarité sociale, avec la collaboration du Groupement européen des campus.

L'événement a permis de réunir dix-sept étudiants français et tunisiens qui ont travaillé ensemble pour produire trois projets, lesquels proposent des idées novatrices susceptibles de doter la Médina d'une nouvelle image et d'une fonctionnalité nouvelle, tout en garantissant la création d'une dynamique touristique durable.

Le tourisme culturel est un thème qui n'a cessé, depuis quelque temps, de susciter l'intérêt. C'est une alternative qui permet de passer outre les fluctuations saisonnières et le monopole de certaines activités. La Médina de Tunis comporte plusieurs richesses culturelles et patrimoniales. Elle restitue une image réelle de l'histoire de la Tunisie. Toutefois, on constate que ces richesses ne sont pas toujours suffisamment mises en valeur et exploitées.

Le campus euro-méditerranéen qui a eu lieu du 27 août au 19 septembre courant a permis de réfléchir sur la question et d'identifier des solutions pour la promotion durable de ce genre touristique.

Les étudiants étant partagés en trois groupes, ils ont proposé trois projets distincts, mais qui se rejoignent autour d'une même finalité.

Les thèmes proposés par chacun des trois groupes sont: l'étude de la possibilité d'accueillir les touristes chez les habitants de la Médina, l'identification de nouveaux itinéraires pour la découverte de la Médina et l'étude de la vocation possible de bâtiments emblématiques non restaurés.

Le touriste chez l'habitant et la visite des ateliers

Les résultats auxquels ont abouti ces travaux ont été présentés par les étudiants, vendredi dernier, lors d'une rencontre à laquelle prirent part des étudiants en architecture et des professionnels du secteur du tourisme et du patrimoine. Ainsi les étudiants ont successivement présenté les hypothèses posées au début de chaque projet, l'état actuel des lieux, les difficultés identifiées et les solutions adaptées à chaque situation.

Le premier projet se propose d'étudier la possibilité de l'accueil du touriste chez l'habitant de la Médina et, également, celle de la visite des ateliers des artisans. L'idée est ambitieuse et se démarque par son originalité et sa nouveauté. Pour étudier le degré d'adaptation du projet au contexte présent, les étudiants ont identifié des artisans et ont tenté de cerner leurs points de vue sur la question. Il s'est avéré que la majorité des ateliers artisanaux nichés au coeur de la Médina sont situés dans des emplacements périphériques, hors des passages habituellement fréquentés par les touristes. «Les ateliers ne sont actuellement ni visibles ni visitables», souligne un étudiant du groupe. On a également constaté que les artisans montrent une grande volonté à accueillir les touristes. Cependant, les moyens financiers très limités dont ils disposent excluent tout projet de rénovation et de restauration des locaux. Ces derniers ne sont guère adaptés à l'accueil des visiteurs. Ils sont «vétustes et ne respectent pas les normes», remarque une étudiante. En vue de faciliter la réalisation de cette initiative et d'optimiser les chances du projet, les étudiants proposent nombre d'actions. Entre autres, une formation en langue pour les artisans concernés, un soutien financier pour les aider à réhabiliter leurs locaux et optimiser leur potentiel d'accueil.

Un quartier peu visité : Tourbet el Bey

La seconde idée proposée par les étudiants du groupe est celle de l'hébergement éventuel des touristes par les habitants. Ce projet permettrait aux touristes de découvrir le mode de vie local et de rapprocher visiteurs et population locale. L'étude réalisée par les étudiants a permis de relever que différents types d'hébergement sont disponibles mais, d'autre part, que les familles volontaires ne sont pas toutes capables d'accueillir des touristes à l'heure actuelle. On a surtout constaté l'absence de réglementation en ce qui concerne ce type d'hébergement. Les points forts de cette idée, et qui favorisent sa réussite, sont d'abord la volonté palpable chez un grand nombre d'habitants d'être partie prenante dans ce projet et, ensuite, la tradition d'accueil, une valeur forte de la culture tunisienne. Les solutions proposées sont essentiellement axées sur la formation adéquate des habitants et la mise en place d'une réglementation et d'un cahier des charges qui permettent de gérer cette activité et de la contrôler.

Le deuxième projet qui a été présenté porte sur l'identification d'un nouveau circuit touristique. Le but étant de découvrir la Médina et ses richesses sous un nouvel aspect et de dépasser les itinéraires habituels qui ne permettent guère de faire ressortir la spécificité du lieu. La méthodologie de travail adoptée par le groupe d'étudiants se base en premier lieu sur la réalisation d'un nombre de photos représentant des éléments très divers: certaines transcrivent des scènes de la vie quotidienne, d'autres montrent des objets, des façades, des portes Tous ces éléments ont été classés par la suite selon des thématiques bien spécifiques. Les étudiants ont pu, après des concertations et des échanges de point de vue, dégager cinq thématiques: la Médina par les sens, la Médina aux contrastes, la Médina du lieu au lien social, la Médina au métissage culturel et la Médina aux artisans. A la lumière de cette classification, un plan a été réalisé où se trouvent indiqués les sites les plus intéressants. Un étudiant explique que«ce plan est un plan d'interprétation de la Médina». En effet, on ne se contente plus, ici, de la description et de l'information rationnelle, on tente plutôt de souligner l'esprit du lieu tout en adoptant une approche très sensorielle.

Le troisième projet est axé sur la réhabilitation et la réaffectation de bâtiments patrimoniaux dans la Médina de Tunis. Le quartier concerné est celui de Tourbet El Bey. Ce choix est dicté par la situation peu avantageuse qui rend ce quartier très peu visité par les touristes. Pourtant, il se distingue par une grande richesse architecturale et patrimoniale. L'idée centrale de ce projet réside dans la création d'une nouvelle fonction pour les bâtiments concernés par la réhabilitation. L'étude comprend, outre un aspect scientifique, une approche sociologique et culturelle qui permet d'adapter la nouvelle fonction du lieu à son environnement et aux besoins des habitants.