Voyage à travers le bassin du Nil
03/11/2005

Assouan - Mouchira El Fishaoui

Une ville ensorcelante se trouve au cœur de l’Egypte. Malgré son éclat permanent, elle a choisi de se vêtir d’une parure verte. Cette ville envoûtante au large sourire se reflète sur les eaux de l’éternel Nil avec qui elle s’entretient sur les gloires des Pharaons et des générations successives qui ont marqué l’histoire de ce pays et dont le Haut Barrage est témoin de la forte volonté de l’Egyptien et de sa capacité à faire l’impossible pour son bien-être et pour le développement de son présent et son futur. Il s’agit de la ville d’Assouan.

L’arrivée à Assouan

On peut accéder à Assouan par tous les moyens de transports ; terrestre, fluvial et aérien. Il y a le train rapide à air conditionné, les bus à air conditionné ou les limousines privées avec des routes de haut niveau.

Ceux qui aiment les voyages de rêve préfèrent y aller par le biais des hôtels flottants (les péniches) entre Louksor et Assouan, en passant par d’autres villes telles que Isnâ, Edfou et Kom Ombo. Ils peuvent jouir du plaisir de découvrir les deux rives du Nil ainsi que les lieux de visite, tout en contemplant de beaux levés et couchés du soleil au milieu de la verdure et des monuments historiques.

La ville d’ Assouan se trouve sur la rive orientale du Nil à 900 Km environ au sud du Caire. Elle est considérée comme  l’une des plus belles pépinières de l’Egypte et du Monde. Elle se caractérise par une nature splendide et par un grand calme loin des grandes villes bruyantes. Sons climat est doux et sec et elle jouit du soleil toute l’année. Le touriste peut passer de bons moments sur la corniche du Nil et faire des promenades nocturnes sur des voiliers, soit pour aller d’une rive à l’autre, soit pour visiter quelques îles telles que celles de l’Eléphants et des Plantations.

Les trésors historiques d’Assouan et ses îles

La ville d’Assouan abrite de nombreux sites importants. On y trouve les plus solides forteresses d’Egypte qui se trouvent sur ses frontières sud. En face du vieux hôtel Cataract, on trouve l’île de l’Eléphant où existent encore les restes des temples en pierre de différentes époques historiques, tels que le temple Khnum, construit à l’ère de l’ ancien empire et qui a été reconstruit à la fin de l’ère pharaonique. L’île comprend également un Nilomètre datant de l’époque romaine, qui marquait le niveau des crus du Nil en langues grec et arabe. On trouve aussi dans l’île un musée rassemblant une importante collection d’articles datant des époques grecque et romaine.

Il y a aussi l’île des Plantations, située au milieu du Nil d’Assouan prêt de l’île de l’Eléphant. Elle est considérée comme l’une des plus belles îles rassemblant les plantes et les arbres des zones chaudes des différents coins du monde. Le visiteur peut y passer des temps de repos et de relaxation à l’ombre des arbres.

On trouve aussi un obélisque incomplet mesurant 41 mètres environ et pesant plus de 1 150 tonnes. Son intérêt est dû notamment au fait qu’il montre les moyens utilisés par les anciens Egyptiens dans la sculpture des obélisques. A côté, se trouve le cimetière Fatimide, rassemblant des centaines de tombes en briques datant du 19^ième siècle. L’obélisque incomplet est toujours là où il a été découvert. Il y a enfin le temple Philae, destiné à la  Déesse Isis qui a été inondé par les eaux du Nil et qui a été reconstitué sur l’île Agilika à quelques 500 mètres de son lieu originel sur l’île de l’Eléphant. Il comprend le temple Hathor où le visiteur peut voir des spectacles audio lumineux chaque soir en différentes langues.

Le temple d’ Assouan

Nous avons effectué une visite rapide au temple Nouba à Assouan dont la restauration est considérée comme le couronnement de la campagne internationale menée avec le soutien de l’UNESCO pour le sauvegarder. Le musée abrite 3 000 pièces historiques représentant différentes époques de la préhistoire, l’ère pharaonique, grecque, romaine, jusqu’à l’ère copte et islamique. On trouve également le petit musée d’Assouan, qui regroupe une collection de pièces historiques découvertes à Assouan et Nouba telle que la momie du Saint Veau qui représente le Dieu Khatoum.

En allant vers la rive occidentale du Nil, les visiteurs peuvent observer quelques restes de monuments et de lieux de visites, tels que les cimetières des nobles, qui sont sculptés sur les rochers de la montagne occidentale en face de la zone nord de la ville d’Assouan, et qui remontent au 23ième siècle av.J.C. Les gravures des murs de ces cimetières témoignent du rôle qu’avaient joué ces nobles pour protéger le pays. Elles nous racontent également leurs voyages à travers l’Afrique.

Par ailleurs, on ne peut aller à l’île des Plantations, sans visiter  le temple Agha khan. Ce dernier a été le leader de la communauté Ismaïlite puisqu’il passait chaque hiver à Assouan. Le mausolée est une belle Å“uvre de l’architecture Fatimide. Sa femme  Bégum Agha Khan déposait chaque jour une fleure à sa tombe.

Du mausolée Agha Khan, on peut aller voir le monastère Al Anba Samaan, qui date du 16ième siècle. Il est l’un des plus important, et le plus beau monastère Copte ancien. Il se compose d’une église qui préserve encore ses gravures représentant le Christ et les saints

Monuments de Kom Ombo et Edfou

A 45 Km  environ au nord d’Assouan, on trouve le temple Kom Ombo, édifié sur une colline élevée surplombant le Nil. On peut y aller sur des barques tout en contemplant de beaux paysages. Les murs de ce temple comportent des gravures saillantes représentant des instruments anciens de chirurgie, des scies, des os, des instruments de soin dentaire. A côté, on trouve 3 crocodiles momifiés dans le kiosque Hathor. Chaque Mardi se tient près de la ville Kom Ombo un marché appelé Souk des Chameaux où se vendent les chameaux provenant du nord du Soudan.

Quant à la ville Edfou, elle est située à 105 Km environ d’ Assouan. On y passe un agréable voyage,  puisque la ville abrite le temple qui a été le mieux conservé en Egypte. Tous les visiteurs et les amateurs de monuments et d’histoire le visitent. Il a été édifié durant tout le règne des Batalma. Il était consacré à la prière du Dieu Horus, dont la tête est jaune. Ce temple rassemble à la fois l’architecture grecque et pharaonique. Ce temple concurrence ceux de Louksor et est considéré, de part sa dimension, comme le second de l’Egypte, après celui de Al Karnak. En outre, il dispose d’un Nilomètre, une place pour les offrandes et une esplanade à son entrée.

Nouba

Depuis longtemps Nouba était le royaume de l’ancien Kusch, qui est la terre s’étendant tout au long du Nil entre Assouan au nord et Khartoum au sud. Sur les cimetières on trouve de grandes images et des gravures saillantes représentant les Nubiens en tant que mercenaires ou commerçants. Les Nubiens gardent toujours leur traditions et coutumes spécifiques. Ils se caractérisent aussi par la couleur sombre de leur peau et ils ont leur propre langue. Ce sont des artistes en matière d’architecture. La plupart d’entre eux se sont installés à Assouan et Kom Ombo ou au Soudan, après que les eaux du Haut barrage aient submergés leur territoire. Nouba abrite de multiples sites historiques, un temple, un certains nombres de forteresses et de cimetières telles que Dendour, Lissi, Amada ou Wadi Al Sebowa et qui ont été déplacés après que les eaux du Haut barrage l’aient menacées, notamment les temples de l’Eléphant, Kalabsha et Abou Simbel.

Temple Kalabsha

Situé sur la rive Est du Nil, ce temple remonte à l’ère gréco-romaine. Il a été construit par l’Empereur Octave Auguste en l’an 30 av.JC, en signe de reconnaissance au Dieu de la Fertilité de Nouba, Mandoles. En même temps on y a déplacé  le kiosque Kertassi avec les colonnes couronnées par le buste de Hathor. Le temple de la rive occidentale du Nil était situé à 55 Km d’Assouan. Mais il a été reconstruit et transféré à côté du Haut Barrage en 1970. Il est considéré comme l’un des plus grands temples bâtit en pierre de sable de Nouba. Ses murs sont couverts de textes et de gravures, présentant un très beau tableau de l’intérieur de ce temple qui donne sur le beau paysage du lac Nasser. A côté, se trouvent d’autres restes de monuments de Nouba de Ramsès II sculptés aux pieds des monts représentant sa force militaire. Il y a aussi la maison du Wali avec ses gravures glorifiant les victoires  des Nubiens, des Ethiopiens, des Asiatiques et des Libyques. On trouve également de belles gravures colorées à l’intérieur du temple représentant Ramsès qui présente des offrandes aux Dieux.

Le temple Abou Simbel et le miracle des calculs astronomiques

A 280 Km au Sud d’Assouan se trouve une belle esplanade abritant l’un des merveilleux monuments historiques du monde édifié par le plus célèbre des Pharaons, Ramsès II. Ce dernier s’est construit un temple pour lui-même et un autre plus loin pour sa belle femme Néfertiti. Les deux temples ont été construits il y a plus de 3 milles ans et ils ont été rassemblés de nouveau  après qu’ils aient été menacés de submersion après la construction du Haut Barrage. Pour réaliser ce travail gigantesque l’Egypte a lancé un appel à la communauté internationale : ainsi avec l’aide de 45 pays et de la plus grande campagne de l’Unesco, l’opération a commencé en 1964 et s’est poursuivie jusqu’en 1968.

Le plan des temples de Abou Simbel est d’une originalité particulière. Le grand temple d’Abou Simbel se caractérise par sa façade principale ornée de 4 gigantesques statues de Ramsès II assis sur son trône et portant la double couronne de la Haute et de la Basse Egypte. Ce temple a été réservé pour l’adoration du Dieu Hour, dieu du soleil levant. L’une des merveilles de ce temple est que les rayons du soleil y pénètrent à l’intérieur illuminant la statue de Ramsès II le 22 Févier de chaque année, date de sa naissance, ainsi que le 22 octobre, date de son intronisation.

A quelques mètres de ce grand temple, on trouve le petit temple de  Simbel édifié à sa belle épouse Néfertiti et qui est appelé aussi le temple de Hathor, dieu de l’amour et de la beauté. La façade de ce temple est ornée de six statues : 4 de Ramsès II et 2 pour son épouse Néfertiti, ainsi que de gravures représentant Ramsès II et Néfertiti présentant des offrandes aux Dieux.

Autres temples 

Il y a de nombreux autres temples à visiter. Le temple Beit  Al Wali, l’un des 5 temples fondés par Ramsès II, dont les murs sont ornés de belles gravures colorées représentant les victoires du Roi. Le temple Kertass, fondé pour adorer la Déesse Isis qui a la forme d’un kiosque. Il a été transféré à côté du temple Kalabsha. Le temple Amada fondé sous le règne du Roi Thtamous, vainqueur des Hyksos. Le Temple Al Dorr situé à côté de ce dernier est construit pour adorer le Dieu Râ. Il a été construit sous le règne de Ramsès VI. Le palais Ibrim, qui représente les restes d’une ancienne forteresse. Le temple Wadi Al Sebowa construit sous le règne de Ramsès II pour adorer le Dieu Amon. Le temple Al Dekka construit également sous Ramsès II et qui a été reconstruit à l’ère gréco-romaine.

Le Haut Barrage

L’Egypte rêvait de l’édification du Haut Barrage à Assouan pour la protéger des inondations qui dévastaient et ravageaient les terres agricoles, pour stoker ces eaux en vues de les utiliser de manière maîtrisée, pour l’irrigation, l’eau potable et la production d’énergie sur toute l’année. Ainsi que pour remédier aux années de sècheresse. Le lac Nasser a été ce gigantesque réservoir considéré comme le deuxième lac artificiel du monde. Ce lac ressemble à une réserve naturelle regorgeant d’oiseaux migrants et d’animaux marins rares ; ce qui en fait un lieu de villégiature et une destination touristique très fréquentée. Sa longueur est de 500 Km dont 350 Km sur le territoire du Soudan. Ses contours suivent les lits des fleuves qu’il a submergés : Allaki, Kalabcha, Adandan et Touchki.

Depuis 1993, le Haut Barrage et son lac connaissent une activité touristique intense : promenades en bateaux d’Assouan à Abou Simbel, fortement prisés par les  Européens et particulièrement les Britanniques qui gardent en mémoires les histoires des voyageurs et des hommes de lettre anglais dans l’Egypte des années 40.