Dakar (Sud Quotidien) -2 Novembre 2005 - Tout le monde s'en félicite, mais beaucoup, notamment les professionnels du tourisme, se posent plus de questions qu'ils ne voient de solutions àtravers le Conseil sénégalais du tourisme(Cst) qui a été installé officiellement lundi dernier par le ministre de tutelle, et un doyen du secteur porté àla tête de la structure.
"Le premier dossier sur lequel le Conseil devra statuer c'est celui de la TVA". C'est le ministre du Tourisme et des Transports aériens, Ousmane Masseck Ndiaye qui embouche ainsi la trompette des professionnels du secteur qui n'ont de cesse de réclamer une révision de la fiscalité sur l'industrie touristique. Aussi, l'adresse du ministre est en direction de Idrissa Diallo, un doyen du secteur touristique "et un vieux militant du secteur", comme l'a souligné Mamadou Racine Sy, président du Spihs, et qui a été porté, lundi dernier, àla tête du Conseil sénégalais du tourisme.
Organe consultatif chargé de servir de cadre de concertation, de réflexion et d'échanger sur des questions relatives àla sécurité, àl'assainissement en milieu professionnel et àla sensibilisation, entre autres, le Conseil a pour mission principale de se saisir des problèmes du secteur et de faire des propositions concrètes. Sa création est une des recommandations des assises nationales du tourisme, tenues en 2002.
Seulement, parlant au nom des professionnels du tourisme dont il est le président du Syndicat (Spihs), Mamadou Racine Sy a fait part "du souci que cette nouvelle structure ne soit simplement qu'un machin de plus", s'inquiète-t-il.
Pour l'instant, le Conseil est vu comme une coquille vide dans la mesure où les préalables comme un budget de fonctionnement, des locaux, ne sont pas effectifs, et pour les professionnels, "Si on veut faire jouer au Conseil son rôle d'appui àla prise de décisions, il faudra le doter de moyens adéquats", souligne le président du Spihs qui, déjàen commission économique et sociale, avait fait part de cette préoccupation.
Il est vrai que, dans le cadre de l'installation de la structure, six commissions (Santé, assainissement, environnement ; investissement, aménagement ; formation, emploi ; accueil, sécurité ; etcâ-oe) ont été formées et chargées de réfléchir sur des questions diverses relatives au secteur. Il faut aussi dire que les termes mêmes de référence concernant les missions des différentes commissions ont soulevé des incompréhensions qui ont quelque peu faussé la démarche. Le fait même que le Conseil soit rattaché au ministère de tutelle semble poser problème quant àson autonomie nécessaire.
Il faut bien reconnaître pourtant qu'en France, par exemple, le Conseil national du tourisme, organe consultatif placé auprès du ministre en charge du Tourisme et présidé par lui, regroupe des professionnels du tourisme, des élus et des responsables économiques et sociaux des différents organismes concernant l'activité touristique.
Aussi, de manière permanente, il donne son avis sur toutes les questions dont il est saisi par le ministre ou dont son conseil d'orientation propose l'examen au ministre. Il exerce une mission de prospective. Il donne son avis, sur les objectifs du plan (tourisme) et est informé de son exécution ; il peut être consulté sur tous les textes législatifs et réglementaires relatifs àl'activité touristique. Il peut être, enfin, le lieu de discussion des accords entre les branches professionnelles.
Le ministre, en promettant au président nouvellement nommé du Conseil "tous les moyens nécessaires àsa mission", a tout de même proposé que le nombre des commissions soit réduit àtrois au lieu de six dans la mesure où, dit-il, beaucoup de questions qui se retrouvent dans les différentes commissions peuvent être regroupées. Alors, "stop les discours et place àl'action sur le terrain", suggère le ministre.
Il n'empêche, la question fondamentale qui semble freiner les énergies et laisse perplexes les uns et les autres reste celle de la vision-même que le gouvernement confirme àtravers l'option d'un "tourisme haut de gamme", et qui ne semble pas être partagée, alors qu'il apparaît clairement qu'une vision ne se décrète pas. D'autant plus qu'au regard de l'Etat des lieux, si certains professionnels du secteur s'arc-boutent et se battent encore malgré un contexte de morosité accrue dans le secteur, beaucoup d'entre eux seraient dans une tendance de découragement avancé. L'ambition ne devrait-il pas être d'abord de rassurer concrètement ces derniers avant de voir plus "haut"? |